Le comité de lecture s'était emparé en amont de ces deux romans et de ces deux documentaires, ce qui a permis une rencontre riche, forte. Deux adjointes au maire étaient présentes, l'une, madame Petitpas, s'occupant du sport et de la culture, et l'autre, madame Rossi, du handicap. Merci donc à Laure Rossi de m'avoir invitée dans le cadre du festival pluridisciplinaire Imago, qui permet d'aborder le handicap sous l'angle du théâtre, du cinéma, de l'écrit… Un grand merci aussi à Pascale Dubacq Tescher, bibliothécaire, qui a préparé et accueilli cette rencontre, et à la librairie Crocolivres, présente pour les dédicaces.
Nous nous posons tous les mêmes questions, qui n'ont pas de réponse toute faite : comment proposer son aide à une personne handicapée sans risquer de la froisser? (peut-être simplement en étant attentif aux besoins des autres, et en acceptant la possibilité que la réponse soit "non").
Comment inclure des jeunes porteurs de divers handicaps dans les classes, dans les associations sportives? Il faut souvent commencer par expliquer le handicap, et peut-être est-il judicieux de demander à l'intéresser de quoi il aurait besoin pour se sentir bien…
Peut-on faire du second degré avec une personne porteuse d'autisme? a demandé un enseignant, perplexe après une plaisanterie à laquelle le jeune en question n'avait pas ri. Eh bien pourquoi pas? Plutôt une fois que la relation de confiance s'est bien instaurée? Mais là encore pas de réponse toute faire…
Au fil des deux heures de rencontres nous sommes souvent revenus à la constatation que l'ouverture d'esprit, la volonté d'aller vers l'autre sont la base, à partir de laquelle il est possible de travailler.
Pourquoi les gens qui sont dans un fauteuil roulant, qu'ils soient âgés ou en situation de handicap, deviennent comme transparents? Bien souvent les personnes choisissent comme interlocuteur celui ou celle qui pousse le fauteuil, même quand il parle de celui qui est assis dedans. D'une certaine façon le problème est aussi là : on parle des personnes qui ont un handicap, mais leur parle-t-on, à elles? Même dans le cadre des soins ce n'est pas toujours le cas. Comme si la parole de ces personnes n'était pas considérée comme valide, elle non plus.
J'ai raconté à ce sujet quelques anecdotes : une remise de prix à une association rassemblant valides et personnes porteuses de divers handicaps, au Sénat. Les petits fours, à l'issue de la cérémonie prônant l'ouverture de la société à tous, étaient servis… à hauteur de personne valide debout ! Nous avons donc passé la soirée à ravitailler en champagne et douceurs les personnes en fauteuil… Et dans un colloque sur l'autisme, où avait été bien expliqué le fait que le brouhaha peut terriblement gêner ces personnes… Eh bien au moment de la pause, pas de salle où se poser dans le calme, la foule était bruyante, et pas moyen d'y échapper pour les autistes présents!
La société doit prendre en compte les handicaps pour de vrai. Ce n'est pas une posture, c'est une façon de vraiment vivre avec les autres; une capacité d'empathie.
Bravo à la municipalité de Deuil La Barre, qui mène ce chantier avec une très belle authenticité.
La société doit faire la moitié du chemin, les personnes avec handicap, l'autre moitié.
C'est ainsi, me semble-t-il, qu'on peut vraiment se respecter les uns les autres.
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