Après un hiver glacial le mois de juillet était chaud et ensoleillé. Les Parisiens profitaient des parcs quand ils ne travaillaient pas…. Les Juifs ignoraient que, le 8 juillet, leur seraient interdite la fréquentation des parcs, des cinémas, des restaurants. Ils portaient l’étoile jaune depuis fin mai. Mon grand-père avait déjà été déporté à Auschwitz, où il était mort presque aussitôt. Le 4 juillet 1942, dans le plus grand secret, les nazis et le gouvernement de Vichy préparaient la rafle du Vel d’Hiv et venaient de résoudre une question sur laquelle ils craignaient de faire des vagues : les enfants juifs accompagneraient leurs parents. C’était une opération de grande ampleur: il s’agissait de rafler le maximum de juifs de tous âges en région parisienne puis de les déporter. L’opération était prévue pour le 14 juillet. Mais le 14 juillet c’est la fête nationale, c’est la République à l’honneur. Les collabos ont eu peur que la population se soulève. Alors ils ont reporté l’opération nommée « vent printanier » (!) à l’aube du jeudi 16 juillet. L’horreur allait commencer.
Cette horreur-là a été suivie de beaucoup d'autres.
Mais elle a marqué des milliers de familles, pour des générations.
La mienne en fait partie.
Écrire ce roman, c'est une forme de réparation, c'est un peu difficile à expliquer mais j'ai le sentiment que c'est participer à une forme de réparation pour les générations passées comme pour la mienne et les suivantes.
C'est transmettre, aussi, bien sûr.
On ne peut pas défaire ce qui a été, mais on peut le dire, et dire, c'est vivre.