J'ai proposé ce projet aux éditions Gulf Stream après en avoir longuement parlé avec Michel Baussier, porteur de la cause de l'antibiorésistance depuis de nombreuses années, en tant que président puis président d'honneur de l'ordre des vétérinaire.
L'éditeur a été sensible à l'enjeu, et c'est ainsi qu'est né ce livre, qui met en scène 4 enfants de 8 à 12 ans et leurs animaux de compagnie, pour rendre le propos plus sensible.
L'antibiorésistance est l'une des grandes causes actuelles de santé publique, en santé humaine et animale, les deux étant étroitement liées, ce qui a donné naissance au concept "One Health" : une même bonne santé pour tous!
Tous les pays sont concernés. NOUS sommes tous concernés.
La prévention commence par l'explication, claire et compréhensible, aux enfants, qu'ils soient malades ou en bonne santé: les antibiotiques c'est quoi? Ils soignent quelles maladies? Pourquoi certaines bactéries leur résistent-elles? Que faire alors? Mon chat, mon chien, peuvent-ils aussi être soignés par antibiotiques? Dans quels cas?
Pour que les maladies considérées aujourd'hui comme bénignes le restent, il faut que nous apprenions comment soigneer notre bonne santé (en nous lavant les mains, en éternuant dans notre coude…) et comment soigner nos maladies.
Ce livre va sortit le 8 novembre.
Quelques jours plus tard a lieu la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, à l'initiative, notamment, de l'OMS (organisation mondiale de la santé).
Un colloque interministériel se tient alors en France pour faire avancer les bonnes pratiques.
Quelques mots de Michel Baussier :
« ONE HEALTH »
UNE SEULE SANTÉ
Les hommes, confrontés à la maladie et à la mort, ont depuis toujours eu la démarche de se soigner. La médecine humaine est, depuis des millénaires, une véritable institution, même si elle ne s’est modernisée, sous l’influence de la science, que relativement récemment.
En domestiquant l’animal, les hommes ont depuis des millénaires transposé la démarche de soin à l’animal ; mais la médecine vétérinaire enseignée officiellement et constituée en tant que corps professionnel n’est qu’une invention de moins de trois siècles. Invention française au demeurant : la première école vétérinaire au monde fut l’Ecole Royale vétérinaire de Lyon, créée en 1761.
Les vétérinaires ont très tôt, dès le 19ème siècle, pris conscience de leur rôle possible et essentiel en sécurité sanitaire des aliments de l’homme et, plus globalement en santé publique. Ils furent aussi parmi les premiers disciples de Pasteur, inventeurs de vaccins pour les animaux et aussi pour les humains.
L’influenza aviaire (« grippe » aviaire), la brucellose, la tuberculose, la rage sont des exemples connus parmi d’autres de maladies communes aux hommes et aux animaux. Aujourd’hui on sait qu’au moins 75% des agents pathogènes des maladies infectieuses humaines émergentes sont d’origine animale.
C’est ainsi que le concept de « One Health » (Une seule Santé) a émergé au début des années 2000, aux Etats unis d’abord, pour s’étendre et s’imposer dans le monde : « la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent » (OIE, Organisation mondiale de la santé animale). Avec la mondialisation et les changements climatiques, les risques mondiaux de santé publique s’accroissent.
Une approche holistique et collaborative globale s’impose. Il faut protéger les animaux pour protéger les humains et leur avenir.
L’amplification brutale du phénomène de résistance bactérienne aux antibiotiques dans le monde ne peut se comprendre et se maîtriser que dans cette approche globale. Les bactéries pathogènes devenues résistantes peuvent en effet être communes à différentes espèces animales dont l’espèce humaine qui appartient –il faut le rappeler - au règne animal. Elles peuvent aussi avoir acquis leur résistance au contact d’autres bactéries ayant pour hôte habituel une autre espèce, humaine ou animale, les échanges de matériel génétique pouvant également se produire dans l’eau, dans la terre… c’est-à-dire dans l’environnement. La lutte contre ce phénomène illustre bien la nécessité de ne plus considérer la médecine humaine indépendamment de celle des animaux ni de la protection de la nature et de la planète.
Michel BAUSSIER
Docteur vétérinaire
Président d’honneur du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires
Source bibliographique : OIE http://www.oie.int/fr/pour-les-medias/une-seule-sante/