Toutes les familles de déportés vous le diront : ces histoires-là laissent des traces durables. Nous sommes sans doute nombreux à nous sentir comme des survivants.
Au-delà de cette histoire particulière, c'est le courage au quotidien de tant de personnes différentes que j'ai voulu contribuer à faire connaître. Il ne s'agit pas pour moi d'un "devoir de mémoire" comme on dit souvent, mais de voir comment, dans une période où l'injustice et l'inhumanité ont régné, des gens se sont redressés, se sont battus, soit seuls, soit au sein d'organisations de résistance structurées.
Le champion cycliste italien Gino Bartali sillonne les routes de son pays sous prétexte d'entraînements et en profite pour livrer des papiers aux gens en danger.
Lucie et Raymond Aubrac (sur la couverture) participent au mouvement Libération et à la création du célèbre journal du même nom. L'Allemande Sophie Scholl et son frère distribuent des tracts contre le nazisme dans leur université, et y perdront la vie. Le journaliste américain Varian Fry fait échapper de nombreuses personnalités menacées en France. Rose Valland, qui travaille au musée du Jeu de Paume, fait l'inventaire scrupuleux des œuvres volées par les nazis, puis participe à leur restitution aux familles juives spoliées, après la Libération.
Tout le village de Chambon-sur-Lignon se fédère pour sauver des innocents…
Les femmes sont nombreuses dans ce combat qui est souvent mené dans l'ombre. Elles ne sont sans doute pas aussi reconnues que les hommes.
Nombre de ces personnes remarquables ont le titre de Justes, car ils ont sauvé la vie de personnes juives au péril de la leur.
Qu'ils nous éclairent.
Que leur courage devienne le nôtre quand il le faut.
On ne peut répondre à la question "qu'est-ce que j'aurais fait?" que quand le moment d'agir est venu… Les bonnes intentions ne suffisent pas. C'est pourquoi leur histoire nous importe. Elle est tissée de quotidien.