Elle est à lire en cliquant sur ce lien. Le sujet : mes livres parus fin 2014. A lire en cliquant sur ce lien. Merci Laura Vitali!
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Cela fait longtemps maintenant que je n'ai pas parlé ici des lectures qui m'ont enchantée. Juste pour vous donner des idées si vous êtes dans un moment où la pile de livres à lire, sur votre table de chevet, a fondu, ou si vous sortez d'une lecture si géniale que tout le reste, à côté, vous paraît fade, ou si… ce que vous voulez! Hier soir (il n'est jamais trop tard…) Le Chat du rabbin, BD de Joann Sfar ! Délicieux, malicieux, profond… Le tome 2 m'attend. Pas vu le film… Le chat va-t-il faire sa bar-mitsva? Une occasion de plonger dans la pensée du judaïsme. "Une odeur de gingembre" d'Oswald Wynnd : en journal intime et lettres (sans que l'on n'ait jamais connaissance des lettres reçues en retour de celles envoyées) le destin incroyable d'une femme qui, au tout début du XXe siècle, part de son Ecosse natale pour aller épouser un militaire anglais en poste en Chine. Là, elle déchante, vacille… mais grâce à une force de caractère peu commune, elle se fraie un chemin là où les femmes, et les femmes occidentales en particulier, ne connaissent de salut que si elles ont "bonne réputation". Une merveille. "Nos étoiles contraires", de John Green. Un roman étiqueté "ado", mais qui peut parler à tous les adultes! Une extrême justesse de ton, une délicatesse où humour et désespoir s'enlacent, c'est un superbe bouquin. Lu après avoir vu le film, auquel je n'avais pas trop accroché. Un best-seller à la hauteur de son succès.
Le langage a de nombreuses fonctions, qui varient selon les linguistes. Il est une fonction à laquelle je pense souvent : la fonction performative. Mot compliqué, chose simple (tiens, c'est une des raisons pour lesquelles j'aime écrire pour le jeunes : on a le droit, et même le devoir, de dire les choses simplement, clairement, sans ce charabia qui permet à certains spécialistes de créer leurs clubs sélect "d'experts"). Chose simple disais-je : quand le mot se fait acte. Lors de la cérémonie de mariage, les futurs épousés en se disant "oui" s'engagent dans l'acte du mariage. Si l'un des deux dit "non", c'est le scandale, la cata, les petits fours iront à la poubelle et les deux familles seront effondrées. Fonction performative du langage.
Dans mon métier d'auteur, c'est un peu pareil que dans un mariage. Un "oui" d'un éditeur signifie qu'il a lu mon texte, l'a apprécié, et décide de le publier. Bonheur. Reste à prendre le temps de savourer ce bonheur (des heures de travail et d'implication récompensées, la promesse de lecteurs… cela mérite qu'on s'y arrête un peu !). Un "non", et c'est le monde qui s'écroule, le temps de digérer l'information, de reprendre pied, de relire le texte en question, le corriger encore, peut-être, et si l'énergie est suffisante, le proposer à un autre éditeur. Car un roman peut plaire à l'un et déplaire à l'autre, et inversement. Il y a deux jours, un "oui" est venu éclairer ma journée. Pour un court roman co-écrit avec Pascale Perrier, un texte qui nous tient fort à cœur, avec lequel nous nous sommes battues pendant plus d'un an pour lui donner sa fluidité. Un sujet dur, des mots que nous avons voulus pleins d'espoir et de vie. A paraître fin 2015, sans doute. Ecrire seule est un bonheur, écrire à deux en est un autre. Il est important d'équilibrer les deux. Vous vous demandez peut-être ce que vient faire ce post sur un site consacré à la littérature jeunesse. Avant d'être auteure, je suis d'abord une citoyenne. Ce qui s'est passé hier m'a choquée, profondément, comme cela a choqué des millions d'entre nous. J'en ai pleuré. Tout d'abord je voudrais dire que la présentation des victimes par les médias de l'audiovisuel me révolte. Il y aurait d'un côté les gens célèbres, qui méritent d'être nommés, et les autres, les "anonymes", comme disent beaucoup de journalistes. Non. Nous avons tous un nom. Toutes ces personnes mortes hier sous les balles de criminels incapables de se placer sur le plan symbolique sont sur cette liste (qui, j'espère, ne s'allongera pas des blessés entre encore la vie et la mort) : FRANCK AHMED MUSTAPHA HONORE FREDERIC BERNARD MARIS CABU TIGNOUS WOLINSKY MICHEL RENAUD CHARB ELSA CAYAT Ensuite, ceci : En France, cette démocratie laïque qui n'est évidemment pas tout le temps ni pour tout le monde un paradis, nous avons des libertés très précieuses: liberté de pensée, liberté de culte, liberté aussi d'être athée ou agnostique et de marcher dans la rue sans craindre d'être arrêté pour cela. Ici cela nous semble tellement normal… Mais bien des pays dans le monde ne garantissent pas ce droit tout simple de ne pas croire en dieu. Ce sont ces droits (celui de croire, celui de ne pas croire, en le dieu qu'on veut, pourvu qu'on respecte la foi ou la non foi des autres) que nous voulons préserver, il me semble, par ces rassemblements d'hier soir et par ceux qui vont sans doute suivre. Et le droit, connexe, de rire, de prendre de la distance, de créer. La liberté de la presse, quoi. Ne nous laissons pas diviser. C'est un des grands dangers qui guette notre pays, et qui me fait très peur. Cela m'amène à une autre considération : celle de notre responsabilité, à nous qui écrivons pour la jeunesse. Et notamment transmettre des valeurs humanistes, que ce soit par la fiction ou le documentaire. C'est ce que je m'attache à faire depuis 18 ans. "Les religions du monde" paru à l'automne 2014 aux éditions Fleurus est la preuve de ce que j'essaie de faire. Pour moi, écrire à propos des religions c'est aussi écrire sur l'athéisme, dire qu'on a le droit de ne pas croire, mais que cette posture philosophique reste très dangereuse dans bien des pays. C'est dire aussi que nous gagnons tous à mieux connaître les croyances, et les incroyances, des uns et des autres, et à soigneusement distinguer la foi des dangers de tous les -ismes. La moitié de ma famille a été décimée lors de la Seconde Guerre mondiale, parce que c'étaient des Juifs. Ma posture ne "vient" pas de ce fait, mais elle n'y est pas étrangère non plus. Il y a longtemps, une auteure-illustrateure que je ne connaissais pas (et dont j'ai oublié le nom) m'a envoyé un projet d'album en me demandant mon avis. En général j'évite, mais là j'ai lu, et j'ai bondi. Oh, c'était très beau, et joliment écrit. Il y avait juste un petit problème : c'était l'histoire d'un poisson des mers du sud que l'on arrachait à sa liberté pour le placer dans un aquarium avec le même décor maritime. Donc tout allait bien, semblait dire cet album. Eh bien non, pour moi, ça n'allait pas du tout. On n'a pas le droit de faire croire aux enfants qu'une prison dorée c'est aussi beau que la liberté. En tout cas c'est ce que je pense. J'espère que notre pays saura faire preuve de fraternité, comme hier dans ces rassemblements spontanés où nous brandissions un crayon en guide d'arme. Les crayons sons bien nos armes, des armes de paix. Le numéro 36 de la revue Parentem (Acteurs du réseau parentalité) paru en janvier 2015 est consacré au handicap et a sélectionné 3 livres, dont "Les autres, mode d'emploi" : "C'est quoi, "normal"? C'est la question que se pose Arno, le jeune narrateur, qui connaît plein de choses sur les oiseaux, mais ne sait pas comprendre les autres, faire la conversation, rire avec eux. Arno est autiste et dans un roman bouleversant il ouvre les portes de son quotidien en faisant son entrée en 6e." Voici un bien joli cadeau de début d'année! Anne Loyer, sur son excellent blog de critique de littérature jeunesse Enfantipages, vient de donner son avis sur Les Autres mode d'emploi, coll court métrage, éd Oskar, à lire dès 8-9 ans et jusqu'à 99 ans et demi.
J'ai mis beaucoup de temps à écrire ce court roman, avec de longues périodes de découragement: je voulais absolument me tenir loin de toute tentation autobiographique. Je voulais donner à entendre la voix d'un jeune garçon autiste sans déficience intellectuelle porteur du syndrome d'Asperger. Une voix particulière dans le vocabulaire, la logique… Un challenge pour moi! Je suis d'autant plus heureuse quand je lis ceci: "Désireux de bien faire, Arno est un enfant que l'auteure sait rendre particulièrement attachant. Naïf ou logique ? Tout dépend du regard que l'on pose sur son raisonnement. Le mode d'emploi n'est pas forcément évident mais il n'est pas non plus inaccessible. La plume de Sylvie Baussier est juste et touchante parce qu'elle sait de quoi elle parle." Toute la critique d'Enfantipages sur Les Autres mode d'emploi est à lire en cliquand sur ce lien. |
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