Il y a 8 ans j'avais eu la chance d'être invitée au salon d'Aubagne, où l'un de mes livres avait été primé.
C'était alors un salon organisé par stands d'éditeur.
Maintenant, toujours brillamment dirigé par Véronique Paris, avec une équipe adorable et très pro, ce salon a fait peau neuve, devenant une immense librairie sous chapiteau auquel le public fait largement honneur pendant toute la durée du week-end!
Et avant cela, il y a les rencontres scolaires. Je voudrais rendre hommage à tout le travail fait en amont, qui a rendu possible des rencontres d'une richesse incroyable. Une fois de plus la magie a opéré: aucune rencontre n'est semblable à une autre. Avec les 3e pro nous avons parlé littérature mais aussi plus généralement de la vie, toujours en passant par les livres: le rôle des écrans (Sale comme une image), le pouvoir des consommateurs (Gandhi), le respect des autres (L'Autisme et Les Autres mode d'emploi, ainsi que Le Handicap, pourquoi ça me concerne)… Les débuts m'avaient fait penser que la rencontre serait un peu difficile, eh bien au bout d'une heure et demie nous étions tous en train de réfléchir ensemble, ne voyant pas le temps passer!
Toutes les rencontres ont été de belles surprises, comme celle-ci.
Je voudrais vous montrer le travail qu'a réalisé une classe à partir de Sale comme une image. Ils se sont approprié ce roman en images et en textes. Merci, et bravo !

Il y a un an tout pile, j'étais à Beyrouth, invitée par le salon du livre francophone, et tout particulièrement par Blandine Yazbek, qui fait vivre toute la partie jeunesse. C'était une magnifique semaine, avec des auteurs formidables.
Cette année, j'ai eu la chance de retourner à Beyrouth, invitée cette fois par deux collèges chrétiens, toujours en lien avec le salon du livre. Nous étions en lien depuis plusieurs années, et Guilda Raad a souhaité me faire venir pour que je parle aux collégiens des Autres mode d'emploi : un roman où Arno, jeune autiste, raconte sa quête de notre "mode d'emploi". Pourquoi ne faut-il pas dire devant la dame importante qu'elle est grosse, puisque de fait… elle est grosse? Pourquoi se fait-il gronder quand il répond "oui" à la question de la prof : "Tu vois ce papier par terre?". La bonne réponse, apparemment, c'était de le ramasser, il était censé déduire cela tout seul…

Nous avons beaucoup échangé avec les élèves, qui ont fait un travail formidable, et avec les enseignants et les documentalistes. Je salue au passage le professionnalisme et la gentillesse de Guilda Raad, Christiane, Carole et Joumana, ainsi que l'implication des enseignants.
Le Liban, comme la France, est en route vers plus d'ouverture, mais le chemin est encore long, et si certains jeunes sont pris en charge, soutenus par leur famille, et vont à l'école, il en est d'autres qui sont encore cachés par leur famille, ne sortent pas, et sont privés de tout avenir.
Nous avons aussi échangé autour de deux autres livres qui viennent compléter ce roman

Il a été question des "étiquettes" que nous mettons sur les gens, de la peur de l'autre surtout quand on le perçoit comme "différent", de la façon d'entrer en contact avec l'autre… Toutes questions qui, au final, excèdent largement le champ du handicap et nous concernent tous, me semble-t-il.
Les jeunes - et les documentalistes - ont fait un travail formidable !
Ils ont aussi réfléchi aussi sur leur propre vécu, sur le harcèlement à l'école (dont sont souvent victimes les jeunes autistes, mais d'autres aussi), sur les blessures que peut infliger une étiquette impliquant un préjugé.
Je leur ai expliqué, par ailleurs, que l'étiquette "handicap" pouvait représenter une aide, dans la mesure où elle permet que la personne en difficulté obtienne une reconnaissance et un soutien de la part de la société (une AVS à l'école, par exemple, ce qui s'appelle chez eux "shadow teacher").
Les affiches ci-dessous en disent long sur les blessures subies par ces jeunes.

Les plus jeunes ont travaillé sur "Toctoc est amoureux" et "Les lunettes magiques", premiers romans parus chez Belin. Là aussi surprises, et que de travail préparatoire! Dans une des classes j'ai eu la surprise de rencontrer Toctoc et Prune en chair et en os, tels que les a dessinés Peggy Nille. Les enfants ont exploré les thèmes de l'optimisme et du pessimisme, le champ des émotions, celui de la rencontre…
Une recette à la fin du roman? Hop, les garçons et les filles cuisinent sous la houlette du pâtissier du collège, certains pour la première fois! A quoi mène la lecture!!!

Et voici quelques retours en images des magnifiques rencontres au collège des Frères Mont La Salle, où nous avons parlé de l'autisme autour d'un roman, Les Autres mode d'emploi, et d'un documentaire, L'Autisme. Tous les jeunes ont fait un travail magnifique, et certains ont été bien plus loin encore, comme ce jeune garçon qui a réalité un court métrage maîtrisé et émouvant dans lequel sa tante, maman d'un jeune autiste, raconte son quotidien, les victoires et les angoisses, la joie et les inquiétudes de sa famille (image 7 ci-dessous). Bravo ! Et encore merci à Guilda Raad, documentaliste, et toute son équipe pour leur merveilleux accueil et tout le travail effectué en amont avec les jeunes!

Le Liban est un pays complexe, qui souffre depuis des années, et où j'ai rencontré un accueil d'une chaleur peu commune.
Amis, je vous souhaite le meilleur. Du fond du cœur. Puissiez-vous être épargnés par la fureur du monde, puissent vos enfants grandir en paix.