Le quotidien d'une autrice confinée

Mon quotidien, c'est d'abord le travail à la maison, ou télétravail. En ce sens, rien ne change. Nous, les auteurs et autrices, illustrateurs et illustratrices, nous avons l'habitude. En ce moment, il faut d'abord regarder en face puis pousser les inquiétudes liées au confinement, me concentrer, pour retrouver le plaisir d'écrire, toujours intact. Une merveilleuse ressource.
J'écris, j'avance mes projets. La suite de la série de Premiers romans "Mystères à Versailles" pour les éditions Nathan, par exemple. Je relis un texte avant de l'envoyer à l'éditrice. Le premier tome est paru en janvier:

Et le trajet est toujours aussi court et atypique ! Pour me rendre dans mon bureau, où je me sens bien, en compagnie de mes livres, mon ordinateur, mon chat, c'est escalier de meunier.

Mais en ce mois de mars, ce sont aussi de nombreuses rencontres et des salons annulés pour cause de force majeure : Livre Paris, salon de Flers, La Saussaye, Mosel'Lire à Metz… Et j'espère de tout cœur que les autres pourront être maintenus ou reportés… Les annulations sont un crève-cœur : le travail des organisateurs, celui des jeunes et des enseignants n'aboutissent pas aux rencontres. C'est évidemment aussi un important manque à gagner, et de nombreux auteurs ont à subir cela en ce mois où de très nombreuses manifestations étaient prévues, comme chaque année.
Le travail mené reste vivant, heureusement. Les jeunes ont lu, et c'est déjà précieux.

Cette période de confinement, c'est aussi un changement d'organisation dans le mode de vie. Enfants en pause de travail ou en télétravail pour cause de fermeture des écoles et d'annulation des stages à l'étranger. Il faut annuler des vols prévus, repenser les jours. Faire de la paperasse. Passer des coups de fil urgents.

C'est aussi l'occasion de réinventer en partie le quotidien. Par petits bouts. Hier, jardinage avec mes enfants. Moment rare. Le privilège d'avoir un jardin… et qu'il ait un besoin urgent qu'on s'occupe de lui :) Retrouver le plaisir de s'en occuper ensemble, dans un endroit où nous avons le droit de sortir sans se munir d'une autorisation.

C'est aussi le moment de cuisiner, pour maintenir le moral des troupes ! Gâteaux, soupes, rizotto, un peu de tout…

Sans oublier les rendez-vous médicaux urgents, le lien avec les amis, par téléphone, messages, mails, réseaux sociaux et autres moyens techniques. Maintenir le lien, c'est essentiel. Pour tout le monde.

Alors voilà : cette période est pénible, anxyogène, elle nous prive d'une partie de nos revenus, elle va peut-être retarder des parutions… Mais une part de moi-même me dit qu'elle est peut-être une opportunité de vivre autrement, consommer l'utile (et les livres, la culture, font partie pour moi de cette catégorie), et pas (ou moins) le futile, se rapprocher des gens qu'on aime. Arriver à prendre le temps. Je veux privilégier l'important sur l'urgent. C'est tout un travail sur moi-même à poursuivre, et je m'y emploie.
Prenez soin de vous.
Prenons soin les uns des autres.