Au départ, un intérêt marqué pour un personnage, une période, une aventure.
Puis un travail énorrrrme de recherche, de collecte et de vérification des informations. Cette phase pourrait déboucher sur un livre documentaire comme sur une fiction.
Une sorte de tronc commun.
La recherche, c'est bien évidemment trouver les bonnes sources, les lire, les croiser, prendre des notes et les structurer en fonction du projet visé. Beaucoup de temps, d'énergie… et beaucoup de découvertes passionnantes. J'adore apprendre, je suis servie!
Puis (ou en même temps) s'esquisse la forme / le plan du roman à venir. Qu'est-ce que je veux dire? Comment je vais le faire passer aux enfants? Qu'est-ce qui, dans la masse de notes prises, va servir ce projet, et qu'est-ce que je vais devoir écarter? Développer? Reconstruire?
Une fois que tout ça est bien clair, enfin autant que possible, je bâtis le plan, tout en sachant qu'il peut bouger, évoluer. Cette liberté demeure, il faut que je me la laisse!
Je laisse passer un peu de temps, histoire de digérer, laisser décanter… Et puis j'écris la première version du texte. Si possible sans trop m'arrêter, parce que cela demande une immersion dans un univers bien particulier.
Je relis, je corrige, plusieurs fois… Et je laisse reposer.
Un ou deux mois après je redécouvre mon texte, ce qui me permet de mieux cerner sa trame, d'affiner les personnages, la langue…
J'ai la chance d'être sur un projet de ce type en ce moment, et d'avoir du temps pour l'écrire. Avec une directrice de collection et une éditrice très attentives.
Bien sûr j'aurai des doutes, des peurs. Je vais tenter d'apprendre à les reconnaître pour ce qu'ils sont, et continuer.
Ce qui me rassure, c'est que j'ai déjà pratiqué ce genre d'exercice. Allez, je vous raconte ma première fois (il y en a eu d'autres depuis).
Lorsque j'ai écrit "La course au pôle Sud: Amundsen et Scott", j'étais fascinée par ce "duel" entre deux équipes, l'une norvégienne et l'autre anglaise, dont le but résidait quelque part au milieu de nulle part. Dans la glace gelée du Pôle Sud. C'était le dernier lieu symbolique inexploré de la planète, si l'on excepte les fonds marins. Et les humains ont toujours voulu aller plus loin, se lancer des défis, à eux-mêmes et aux autres. Si l'un d'eux a été le premier et si l'autre en est mort, pour moi les deux équipes ont vaincu: vaincu leur peur, et ignoré le côté absurde de cette quête.
J'ai lu deux pavés avant d'écrire: le journal écrit par Amundsen durant son épopée, et celui écrit par Scott.
Pris des tonnes de notes.
Tenté d'imaginer ce qui n'était pas écrit.
Et reconstruit cette aventure de façon chronologique, en emportant (je l'espère) mes lecteurs dans le vent de la course, dans l'incertitude de l'avancée dans la glace, les dangers des gouffres, les pannes diverses, la faim des chiens, la lutte des poneys des Anglais contre le vent cinglant.
Si vous avez envie de lire ce que ça donne :