En ce qui me concerne, j'ai tenté de donner des bases de réflexions aux enfants à partir de 7 ans dans "Les élections", collection Questions-Réponses, Nathan Librairie
Le sujet intéresse BFMTV.com :
PRÉSIDENTIELLE: COMMENT PARLER DE L'ÉLECTION AUX ENFANTS?
Céline Hussonnois-Alaya
Le 02/04/2022 à 7:00
Comment parler de la présidentielle aux enfants. - PIERRE-OSCAR BRUNET / BFMTV
Peut-on parler de tout? Certains sujets sont-ils tabous? Trois spécialistes de la littérature jeunesse livrent leurs conseils aux parents pour aborder sereinement la politique avec leurs enfants.À un peu plus d'une semaine du premier tour de l'élection présidentielle, certains parents se demandent peut-être comment parler de politique à leur enfants et aborder avec eux le scrutin à venir.
Douze candidats de gauche, de droite, d'extrême gauche, d'extrême droite... Des électeurs qui pourront voter blanc ou s'abstenir, un premier puis un second tour, des élections législatives dans la foulée... De prime abord, le sujet peut sembler compliqué à évoquer. Trois auteurs de livres et magazine destinés à la jeunesse nous donnent quelques conseils pour discuter de politique à hauteur d'enfant.
• Est-ce utile d'en parler?Finances, dépenses publiques, énergie... Certains sujets sont-ils trop difficiles à évoquer avec un enfant? La politique, ce n'est pas qu'une affaire de grands, considère Marion Joseph, rédactrice en chef d'Astrapi, un bimensuel qui s'adresse aux enfants de 7 à 11 ans. "Il n'y a pas de sujet trop compliqué en soi."
"L'élection présidentielle, c'est l'opportunité idéale pour les initier à la citoyenneté. Les enfants voient des affiches, entendent les candidats à la télévision, des bribes de discussion des adultes, le jour J on les emmène voter, on passe dans l'isoloir."Astrapi a d'ailleurs consacré un numéro spécial au mois de mars dédié à l'élection présidentielle et au métier de président. Mais pour parler ces sujets, l'idéal est de rester le plus concret possible, préconise Marion Joseph. Et d'éviter donc les concepts et notions trop abstraites.
"La démocratie, c'est un grand mot mais on peut leur expliquer simplement que nous avons la chance de choisir les personnes qui vont nous représenter et prendre des décisions pour nous", conseille-t-elle."Avec les élections législatives qui vont suivre, on peut comprendre qu'un président ne décide pas tout seul, qu'on élit des députés qui votent les lois. Et que ces dernières concernent différents aspects de leur vie quotidienne, de l'école aux hôpitaux."
• Certains sujets sont-ils tabous?Terrorisme, sécurité, questions internationales - comme avec la guerre en Ukraine... Faut-il sciemment éviter certaines thématiques, trop délicates ou sensibles? Sylvie Baussier, auteure de Les Élections, questions/réponses chez Nathan - un livre qui s'adresse aux enfants dès 7 ans - estime qu'il n'y a pas de sujet tabou. Mais elle recommande de ne pas devancer les interrogations des enfants et d'attendre qu'il formule d'abord leurs questions.
"Il ne faut pas avoir peur de leurs demandes, d'autant qu'il y a beaucoup de livres destinés aux enfants qui peuvent servir de support. L'idée, c'est de leur transmettre les bases, une culture, des références historiques."Et surtout les outils d'une réflexion. Un point de vue que partage Denis Langlois, auteur de La Politique expliquée aux enfants, un classique destiné aux enfants à partir de 11 ans, illustré par Plantu, et réactualisé cette année à l'occasion de la présidentielle. Il estime ainsi que parler de politique revient à évoquer "la façon dont les êtres humains organisent la vie collective sur Terre".
"La société s'est dépolitisée ces dernières années, on le voit avec le peu d'intérêt que suscite l'élection présidentielle", note-t-il. "Mais si l'on ne se préoccupe plus de politique, la démocratie sera aux mains de politiciens professionnels et de technocrates."
"Il ne s'agit pas de faire un cours de militantisme forcé mais ce n'est pas à 18 ans qu'on devient un citoyen", poursuit-il. "À 18 ans, on devient un électeur. Les enfants sont déjà des citoyens en construction."
Play Video• Faut-il prendre parti?Quelle attitude adopter face aux questions parfois déconcertantes des enfants? Notamment sur la différence entre la droite et la gauche, les petites phrases de certains hommes et certaines femmes politiques ou les nuances entre des candidats de partis relativement proches sur l'échiquier politique? Faut-il s'engager?
"Cela peut paraître tabou, soit parce que les parents ont peur que les enfants répètent ce qui se dit à la maison, soit par crainte de les embrigader", pointe Marion Joseph, la rédactrice en chef d'Astrapi.
"La politique peut être très émotionnelle, qu'un projet nous enthousiasme ou qu'on déteste un candidat", estime-t-elle. Mais on peut expliquer pourquoi on se sent de tel bord tout en ajoutant qu'il y a aussi des gens qui pensent autrement."Pour Sylvie Baussier, l'idéal est d'exposer les différents points de vue, sans se montrer partisan et en dépassionnant le sujet. "Pour prendre parti, il faut avoir des bases", estime-t-elle. "La politique, ce n'est pas forcément vouloir changer l'opinion de l'autre mais échanger des points de vue, voilà ce qu'on peut leur dire. C'est même le principe d'une démocratie de ne pas être d'accord."
Denis Langois, l'auteur de La Politique expliquée aux enfants, préconise au contraire une grande franchise, car nos opinions politiques nous échappent et se manifestent forcément devant les enfants. "On ne peut pas s'empêcher d'avoir une réaction en entendant certains propos, à la radio ou à la télévision. D'émettre un commentaire, un haussement de sourcil, une expression. L'enfant comprend très bien quelles sont les opinions de ses parents."
"On peut tout à fait lui dire 'voilà ce que je pense' mais ajouter que d'autres personnes personnes peuvent avoir un point de vue différent et tout à fait respectable. Que l'on peut en discuter, écouter le point de vue de l'autre, débattre et répondre à ses arguments. L'idée, c'est de l'aider à réfléchir et à se forger sa propre opinion."• Quel vocabulaire employer?Une seule contrainte pour parler de politique aux enfants: opter pour le vocabulaire qu'ils comprennent, avise Sylvie Baussier, dont l'ouvrage pose et répond à des questions comme "pourquoi certains électeurs s'abstiennent-ils?", "comment fait-on campagne?" ou encore "qu'est-ce qu'une liste électorale?". Pour cela, rien de mieux que de faire appel au quotidien des enfants.
"Le principe d'une élection, les enfants le connaissent aussi à l'école avec le choix de leurs délégués", remarque-t-elle. "Avec cette comparaison, on peut tout à fait aborder les choses simplement sans être simpliste.""Les enfants peuvent comprendre des notions complexes, comme le fait que les élus ne reflètent pas toute la population ou que les élections ne sont pas toujours justes, notamment dans les fausses démocraties", poursuit l'auteure. À condition de bien définir les termes. "Quand on parle entre adultes, on a les codes, ce n'est pas le cas avec un enfant", insiste Denis Langlois, qui prend l'exemple du mot "citoyenneté".
"C'est un terme abstrait pour les enfants", explique-t-elle. "Aborder la politique avec eux pousse à définir les termes. Il ne faut ainsi pas hésiter à être le plus précis possible et à répondre à toutes les questions, souvent en cascade. Expliquer, définir, ce n'est pas simplifier ni bêtifier, c'est pousser la réflexion et s'élever." Et dans tous les cas, conclut-il, discuter de politique avec des enfants peut se révéler tout aussi bénéfique pour les petits que pour les grands.
Les élections expliquées aux enfants, ça intéresse aussi Un jour, une actu, ici
Un extrait :
1jour1actu a aimé :
– La variété des questions : très pratiques (« Est-on obligé de voter ? », « Que veut dire être candidat ? ») ou plus philosophiques (« Les élections sont-elles toujours justes ? », « Et si l’on est déçu par un élu ? »).
– Des réponses courtes et précises et des illustrations colorées qui rendent le sujet accessible, attractif et vivant.
Les Élections, de Sylvie Baussier et Maud Riemann, édité chez Nathan dans la collection « Questions-réponses ».